Mais quelles mouches ont donc piqué les avocats de Samsung ? Si l’on peut comprendre que le cabinet Emanuel Quinn s’enorgueillisse d’avoir permis à son client de ne jamais payer le moindre centime à Apple, même après avoir perdu un procès à 1 milliard de dollars, les déclarations qui viennent de fuiter dans les médias du monde entier montrent tout de même une image assez détestable d’arrogance et de cynisme.

Ainsi, un pdf de retranscription des dernières négociations de février, qui avaient d’ailleurs échouées (comme d’habitude pourrait-on rajouter) montre que les avocats de Samsung sont prêts à tout pour que leur client, même condamné, ne paie jamais rien, quitte à multiplier ad nauseam les procès en appel. Ainsi, peu de temps après le dernier verdict qui déclarait Samsung coupable d’infraction sur 3 brevets de l’iPhone et le condamnait à payer 119,6 millions de dollars en compensation, un avocat de Samsung osa sortir cette petite phrase lapidaire : « Ils ne verront jamais cet argent. Ça ne tiendra pas ». 

quinn_emanuel_

Les propos sont aussi peu amènes concernant le fait qu’Apple, malgré de nombreuses victoires sur le terrain judiciaire, n’a jamais pu récupérer le moindre centime des infractions constatées; « C’est le Vietnam d’Apple et tout le monde en a assez. » continue un autre avocat, qui semble considérer comme une fatalité « normale » le fait qu’une entreprise condamnée maintes fois devant les tribunaux (Samsung) ne paie jamais les indemnités correspondant à des infractions reconnues comme telles par des jurys populaires (et que celle qui gagne ses procès ne reçoive jamais de compensation finançière ou n’obtienne jamais d’interdictions de ventes des produits en infraction). Assez limite. Et que dire de ces propos sur Steve Jobs, traité tout aussi finement de « jihadiste »  par ces mêmes avocats; entre consternation et stupéfaction, on a bien du mal à choisir.

Ce cynisme étalé sur la place publique, outre qu’il pourrait miner profondément les négociations qui seraient en cours entre Apple et Samsung, risque surtout d’avoir pour conséquence que les « réussites » du sud-coréen concernant sa capacité à ne jamais payer ses condamnations apparaissent maintenant comme ce qu’elle sont finalement : le seul résultat du travail d’un cabinet d’avocats brillants mais cyniques, et pas vraiment le résultat logique d’une entreprise placée au dessus de tout soupçon et que seul l’acharnement d’Apple aurait mis sur le devant de la scène juridique. En terme d’image, c’est ce que l’on appelle une faute.