L’entrée en vigueur ce 20 juin 2025 de l’étiquette énergie obligatoire pour les smartphones et tablettes en Europe doit guider les consommateurs. Cependant, un document technique d’Apple de 44 pages révèle une bataille méthodologique autour des tests de durabilité et d’efficacité énergétique de l’iPhone et de l’iPad. La firme critique les ambiguïtés du règlement européen et adopte une position surprenante en dégradant volontairement ses scores.

iPhone 16 et iPad Pro M4 Etiquettes Energies Europe
Étiquettes énergie pour l’iPhone 16 et l’iPad Pro M4

Une méthodologie jugée irréaliste

Apple ne mâche pas ses mots : « Nous ne croyons pas que les méthodes de test de durabilité prescrites soient réellement représentatives de scénarios du monde réel », indique le rapport. La firme pointe des tests, notamment de résistance aux chutes, qui ne refléteraient pas les usages réels des clients. Selon Apple, les tests menés par trois laboratoires indépendants ont donné des résultats différents jusqu’à trois lettres sur l’échelle de A à G, révélant des incohérences majeures.

Un point central de la critique concerne le paramètre Full Resource Allocation (FRA) utilisé dans les simulateurs 4G. Ce réglage force les appareils à transmettre des données en continu, ce qu’Apple juge irréaliste :

Les clients sur les réseaux cellulaires n’ont pas la possibilité d’activer le FRA, de sorte qu’il n’est pas réaliste d’effectuer des tests avec cette fonction. Le paramètre permettant d’activer le FRA n’existe qu’à des fins de test dans les simulateurs de réseau pour permettre aux fabricants de tester les vitesses de transfert de données en forçant les appareils à envoyer et à recevoir autant de données que possible.

Test 4G Full Resource Allocation FRA

En désactivant ce paramètre, Apple affirme obtenir des résultats plus proches de la réalité, mais note que son activation peut dégrader les scores d’une lettre entière.

Une dégradation volontaire des scores

Tous les iPhone testés en juin 2025 ont obtenu la note A pour l’efficacité énergétique. Cependant, Apple a choisi de rétrograder volontairement ses résultats à la note B la plus élevée, par prudence face aux « ambiguïtés des méthodes de test ». Ce choix illustre un manque de confiance dans le système européen, que la firme juge « fondamentalement biaisé ». Apple critique également l’échelle de notation qui « désavantage clairement les appareils plus avancés », comme un iPad Pro de 13 pouces comparé à une tablette d’entrée de gamme de 7 pouces.

Malgré ces réserves, Apple soutient le principe de l’étiquette énergie : « Nous soutenons les réglementations qui stimulent l’innovation et l’action en matière de longévité, d’efficacité énergétique et d’environnement », précise le document. La firme de Cupertino affirme se conformer au règlement 2023/1669, tout en dénonçant des variations dues à l’interprétation des fabricants.

Un contexte de tensions avec l’UE

Cette critique s’inscrit dans un climat de frictions croissantes entre Apple et l’Union européenne. L’obligation d’adopter l’USB-C, l’ouverture de l’App Store aux boutiques tierces via le Digital Markets Act (DMA) et les amendes pour abus de position dominante pèsent sur le modèle économique d’Apple. La dernière critique en date d’Apple a eu lieu le mois dernier, lorsque l’entreprise a pointé du doigt un manque de communication de l’Europe après l’amende de 500 millions d’euros.

Le rapport technique ne remet pas en cause la légitimité de l’étiquette énergie, mais cherche à clarifier les choix méthodologiques de la firme face à un règlement jugé flou.