Apple menace le Royaume-Uni de retarder des fonctionnalités en cas de règles strictes
Le Royaume-Uni a intensifié sa surveillance des géants de la tech en désignant Apple et Google comme ayant un « statut de marché stratégique » le mois dernier. Cette décision soumet les deux entreprises à des règles similaires à celles du Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne. Aujourd’hui, Apple contre-attaque, critiquant vivement les propositions du régulateur britannique.
La Competition and Markets Authority (CMA), à savoir le régulateur de la concurrence au Royaume-Uni, a lancé cette année une nouvelle enquête sur Apple et Google pour des pratiques anticoncurrentielles, après l’abandon d’une première investigation l’an dernier en raison d’un délai manqué. Selon la CMA, les deux entreprises exercent un « pouvoir de marché substantiel et ancré » et occupent une « position de signification stratégique ». Elles sont donc soumises au Digital Markets, Competition and Consumers Act (DMCC), qui partage des similitudes avec le DMA européen, notamment sur les paiements alternatifs dans les applications, l’interopérabilité et les règles imposées aux développeurs d’applications.
La réponse cinglante d’Apple
Dans sa réponse rapportée par la BBC, Apple adopte un discours familier, qualifiant les changements proposés de « mauvais pour les utilisateurs et mauvais pour les développeurs ». L’entreprise met en garde contre un possible retard dans le déploiement de nouvelles fonctionnalités au Royaume-Uni, comme elle l’a fait en Europe en réaction au DMA. Concernant les règles d’interopérabilité, Apple estime que la CMA « compromet les protections de confidentialité et de sécurité auxquelles nos utilisateurs s’attendent, entrave notre capacité à innover et nous force à offrir gratuitement notre technologie à des concurrents étrangers ».
Apple critique également des dispositions qui empêchent les plateformes de diriger les utilisateurs vers leurs propres systèmes de paiement. Selon l’entreprise, ces mesures « ouvrent la porte aux escroqueries et menacent la sécurité des utilisateurs ». Enfin, Apple rejette les « règles de style européen » proposées, les jugeant néfastes pour l’écosystème.
La CMA défend une approche ciblée
En réponse, la CMA affirme que ses règles diffèrent du DMA et sont plus limitées dans leur portée. Sur l’interopérabilité, par exemple, elle se concentre sur des aspects spécifiques, comme les portefeuilles numériques et les montres connectées, pour permettre aux développeurs britanniques de créer des applications innovantes. Le régulateur insiste sur son objectif de promouvoir une concurrence accrue sans compromettre « la confidentialité, la sécurité ou la propriété intellectuelle ». La CMA promet que ses prochaines étapes garantiront cet équilibre.
Cette confrontation met en lumière les tensions croissantes entre Apple et les régulateurs mondiaux, qui cherchent à limiter le contrôle des géants de la tech sur leurs écosystèmes. Alors que le DMCC britannique pourrait forcer Apple à ouvrir davantage son App Store, l’entreprise brandit le spectre de retards dans l’innovation et de risques pour la sécurité des utilisateurs.