Apple est une nouvelle fois confrontée à un examen réglementaire en Europe. L’autorité polonaise de la concurrence (UOKiK) a ouvert une enquête pour déterminer si le dispositif App Tracking Transparency (ATT) pourrait fausser la concurrence sur le marché de la publicité mobile. Lancé en 2021 avec iOS 14.5, ce cadre impose aux applications de solliciter le consentement explicite des utilisateurs avant toute forme de suivi inter-applications.

La firme de Cupertino présente depuis toujours ATT comme un pilier de sa stratégie de protection des données personnelles. De nombreux acteurs du secteur publicitaire dénoncent cependant un système qui limiterait drastiquement leur accès aux données, tout en permettant à Apple de renforcer son propre service publicitaire.

Des soupçons de favoritisme

Pour l’UOKiK, la question est loin d’être anodine. Son président, Tomasz Chróstny, estime que la mécanique d’ATT pourrait avoir « induit les utilisateurs en erreur sur le niveau réel de protection de leur vie privée tout en renforçant l’avantage concurrentiel d’Apple par rapport aux éditeurs tiers ». Une « pratique susceptible de constituer un abus de position dominante », ajoute-t-il. Si l’enquête confirme ces soupçons, Apple pourrait écoper d’une amende pouvant atteindre 10 % de son chiffre d’affaires en Pologne.

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Dans un message transmis aux médias, l’entreprise affirme qu’« il n’est pas surprenant que l’industrie du suivi des données s’oppose à nos efforts visant à redonner aux utilisateurs le contrôle de leurs informations, et certaines pressions pourraient désormais nous contraindre à retirer cette fonctionnalité au détriment des consommateurs européens ». Apple assure coopérer pleinement avec les autorités polonaises pour maintenir cet outil jugé essentiel.

Un contexte européen de plus en plus tendu

La Pologne n’est pas un cas isolé : l’Allemagne, l’Italie et la Roumanie mènent également des investigations similaires autour d’ATT et de son impact sur la concurrence. Plus tôt dans l’année, la France avait infligé à Apple une amende de 150 millions d’euros pour les conditions d’application de ce dispositif.

Cette nouvelle procédure souligne l’équilibre délicat entre protection de la vie privée et concurrence équitable dans un secteur où les données sont devenues un enjeu économique central. Pour Apple, les mois à venir seront sans doute déterminants pour préserver la « vision » d’une confidentialité renforcée capable de répondre aux exigences croissantes des régulateurs européens.