Apple fait face à une nouvelle offensive judiciaire concernant l’éthique de ses approvisionnements. International Rights Advocates (IRAdvocates), une organisation de défense des droits basée à Washington, a déposé plainte devant la Cour supérieure du district de Columbia. L’ONG accuse Apple d’incorporer dans ses iPhone des minerais liés à des violations des droits humains et au financement de groupes armés en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda.

Minerais Cobalt Congo

Une plainte vise Apple pour les minerais du Congo

Au cœur du dossier relayé par Reuters, IRAdvocates pointe du doigt la présence continue de cobalt, d’étain, de tantale et de tungstène suspects dans les produits d’Apple. La plainte identifie spécifiquement trois fonderies chinoises (Ningxia Orient, JiuJiang JinXin et Jiujiang Tanbre) qui auraient traité du coltan de contrebande.

Selon les allégations, qui s’appuient sur des enquêtes de l’ONU et de Global Witness, les minerais auraient transité illégalement par le Rwanda après avoir été extrait de mines saisies par des groupes armés dans l’est du Congo. Une étude de l’université de Nottingham publiée en 2025 enfonce le clou, rapportant des cas de travail forcé et de travail des enfants sur des sites congolais liés aux fournisseurs d’Apple.

L’ONG remet également en cause les chiffres environnementaux du fabricant. Si Apple affirme que 76 % du cobalt de ses appareils étaient recyclés en 2024, la plainte soutient que sa méthode comptable permet en réalité le mélange avec du minerai provenant de zones de conflit.

La transparence demandée plutôt que l’argent

Contrairement aux actions en justice classiques, cette plainte ne réclame ni dommages et intérêts monétaires ni le statut de recours collectif. L’objectif d’IRAdvocates est juridique et moral : obtenir une injonction pour stopper un marketing jugé trompeur et faire reconnaître que la conduite d’Apple viole les lois de protection des consommateurs.

Cette démarche survient dans un contexte judiciaire complexe. IRAdvocates avait déjà attaqué Tesla et Apple sur le fait d’obtenir du cobalt, mais l’affaire a été rejetée par les tribunaux américains l’an dernier. En Europe, le parquet français a classé sans suite une plainte du Congo faute de preuves, tandis qu’une enquête criminelle reste ouverte en Belgique.

Pour sa part, Apple maintient sa ligne de défense habituelle. Le fabricant a rejeté toute escroquerie, affirmant avoir donné l’ordre à ses fournisseurs de cesser tout approvisionnement en provenance du Congo et du Rwanda. En décembre, l’entreprise déclarait qu’il n’y avait « aucune base raisonnable » pour conclure que sa chaîne logistique finançait des groupes armés.

Le défi est en tout cas important : le Congo fournit environ 70 % du cobalt mondial, un composant vital pour les batteries et l’électronique. Les autorités congolaises tentent de resserrer l’étau sur les minerais pour assécher le financement des conflits qui ravagent l’est du pays, une stratégie qui comprime l’offre mondiale tout en exposant les failles de traçabilité des géants de la tech.