Petit à petit, de réalignement de prix en ajustement de gamme, Apple y est arrivé : en annonçant ses nouveaux MacBook Pro dont les tarifs démarrent à 1700 euros, et en « tuant » le dernier MacBook Pro non Retina ainsi que le MacBook Air 11 pouces, Apple est devenu en une soirée un vendeur de portables haut de gammes et chers qui ne se soucie même plus de proposer une entrée de gamme accessible pour quiconque ne gagne pas au moins 1,5 à 2 fois un Smic. Avant ce soir, et malgré des prix toujours élevés sur les gammes les plus performantes, Apple prenait soin de garder au catalogue un MacBook proche de la barrière symbolique des 1000 euros. Cela restait cher, mais au moins pouvait t-on se procurer un portable Apple avec au pire un peu d’huile de coude et de patience.

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Le MacBook Air 11 pouces disparait et avec lui le MacBook « grand public ». Son successeur naturel, le MacBook 12 pouces, démarre à 1449 euros.

Ce soir donc, Apple est devenu un vendeur de portable pour « classe moyenne aisée voire très aisée« ; le terme fera sourire tous ceux qui vouent Apple aux gémonies en l’accusant d’être depuis des années une marque « de riche »…et en oubliant que 40% des acheteurs américains d’appareils pommés ne font pas partie des CSP+ et sont donc des ouvriers, étudiants ou simples employés qui ont souvent l’obligation de compter ce qu’il leur reste à la fin du mois. Apple a en fait toujours pris soin de garder au catalogue des appareils relativement accessibles financièrement, des appareils qui peuvent tout de même susciter le désir d’achat même chez ceux qui n’ont pas les poches pleines d’or. L’iPhone SE existe en grande partie pour remplir les conditions de cette entrée de gamme « accessible », et il y a seulement quelques heures encore, le MacBook Air 11 pouces ou le MacBook Pro non Retina occupaient aussi cette place. Le MacBook Air 13 pouces reste au catalogue, mais ses caractéristiques inchangées (mis à part 4 GB de RAM supplémentaires, un luxe !) en font de facto un modèle avec un rapport qualité-prix passablement catastrophique (les spécifications datent de 2015).

MacBook Air 2015

Le MacBook Air démarre à 1100 euros, mais sa fiche technique est totalement dépassée (elle date de 2015) et surtout il n’a récupéré AUCUNE des innovations du MacBook et du MacBook Pro de ces trois dernières années; un peu comme si Apple avait proposé son iPhone SE sans Touch ID, sans Apple Pay, et avec un APN 5 MPx.

Apple a donc fait coup double, car non seulement il a retiré les MacBook les plus accessible dans leur gamme respective, mais il a aussi encore augmenté d’un cran le prix d’entrée de ses nouveaux MacBook Pro. Ainsi, le modèle d’ « entrée de gamme », un 13 pouces sans TouchBar mais avec une super-puissante carte graphique intégrée Intel (ironie…), coûte désormais 1700 euros sur l’Apple Store français. Le premier modèle avec TouchBar qui est quand même LA technologie importante et novatrice qui légitime de vouloir changer de MacBook Pro, démarre elle à 2000 euros…et toujours avec une carte graphique anémique.

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Quant au modèle 15 pouces réellement sans concessions, il faudra débourser 2700 euros pour se le procurer. Du délire…Cette valse des étiquettes à la hausse, ajoutée à la disparition du MacBook 11 pouces, confirme qu’Apple n’a plus de scrupule à ne pas proposer de véritable MacBook « accessible », ce qui a de quoi créer des sueurs froides concernant les tarifs du prochain iPhone 8 (étant donné qu’Apple fait maintenant directement « payer » ses innovations par une augmentation tarifaire). C’est un peu comme si Apple considérait que ses nouveaux produits sont tellement géniaux que tout le monde fera l’effort nécessaire pour s’en procurer un, et qu’à ce titre il n’est plus nécessaire de garder une offre financièrement plus « réaliste ». L’iPhone SE disparaitra t-il au nom de cette même logique à la fin de l’année 2017 ? Il ne s’agit pas ici de montrer du doigt l’excellence d’Apple ou sa capacité à proposer le nec plus ultra de la technologie; sur ce point, les nouveaux MacBook Pro sont l’illustration parfaite de ce que Cupertino peut faire de mieux; mais ce « mieux », aujourd’hui, n’est définitivement plus « for the rest of us« .