Les départs récents au sein de l’équipe d’intelligence artificielle chez Apple prennent une nouvelle dimension. The Information lève le voile sur les tensions internes qui agitent le fabricant d’iPhone, notamment autour d’une décision concernant l’open source des modèles d’intelligence artificielle de la firme.

Apple Intelligence iPhone 16

Un projet d’open source avorté

Au début de l’année, l’équipe chargée des modèles d’IA chez Apple souhaitait publier plusieurs de ses créations en open source. Cette stratégie aurait permis de démontrer les avancées techniques de l’entreprise tout en bénéficiant de l’aide de chercheurs externes pour améliorer les performances. Cependant, cette approche comportait un risque majeur : révéler au grand public la chute drastique des performances lorsque Apple adaptait ses modèles pour les faire fonctionner localement sur iPhone, en comparaison avec les versions destinées aux ordinateurs plus puissants ou aux data centers.

Craig Federighi, vice-président d’Apple chargé d’iOS et macOS, s’est opposé à cette démarche. Dans un e-mail adressé à Ruoming Pang, alors chef de l’équipe des modèles fondamentaux (et depuis débauché par Meta pour 200 millions de dollars), Craig Federighi expliquait que suffisamment de modèles open source existaient déjà chez d’autres entreprises pour stimuler la recherche. Bien que la publication aurait révélé les performances inférieures des modèles d’Apple face à ceux d’Alibaba et Google, Craig Federighi craignait surtout que le public perçoive ces adaptations comme des compromis excessifs pour faire fonctionner l’IA sur iPhone.

Les chercheurs internes d’Apple semblent convaincus que l’approche axée sur le traitement local bride considérablement leurs modèles. Cette limitation technique aurait même été reconnue par Craig Federighi lui-même lors d’échanges avec Ruoming Pang.

Lorsque Apple a lancé Apple Intelligence l’année dernière, la protection de la vie privée constituait l’argument central. Le principe de fonctionner en local en priorité représentait un pilier fondamental de cette stratégie. Pourtant, cette approche semble imposer davantage de contraintes sur les fonctionnalités IA que ce qu’Apple communique publiquement.

Quelques coulisses sur Apple Intelligence

D’autres éléments voient également le jour. Les chercheurs d’Apple en IA ont été pris de court par l’annonce des retards concernant le nouveau Siri, alors qu’ils recevaient jusque-là uniquement des retours positifs sur leur travail. De même, les récentes informations sur l’éventuel recours d’Apple à des modèles IA tiers (Claude ou ChatGPT) plutôt qu’à ses développements internes ont créé la surprise.

Apple a d’ailleurs entamé des discussions avec OpenAI, Anthropic et Google pour utiliser leurs grands modèles de langage (LLM) afin d’améliorer Siri. Parallèlement, les membres restants de l’équipe des modèles fondamentaux ont été informés qu’Apple réévaluait les rémunérations pour offrir de nouvelles raisons de rester dans l’entreprise.