Le DoJ (Department of Justice) vient donc d’attaquer Apple en justice sur à peu près chaque élément du business du californien. Les récriminations sont multiples, et nombre de spécialistes ont déjà détecté un important volume d’erreurs ou d’approximations formulées dans la plainte du DoJ. Si certains points centraux prêtent déjà à débat (comme l’idée même qu’Apple disposerait d’un monopole sur le secteur mobile avec l’iPhone), d’autres remarques sont factuellement erronées, à un point parfois que l’on est en droit de se demander si le texte de la plainte a été réellement relu par un tiers de confiance. Ainsi en est-il de l’avis du DoJ concernant Messages et plus globalement les fonctions de messagerie sur iOS.

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Des erreurs factuelles sur Messages

Le DoJ laisse ainsi entendre qu’Apple est parvenu à brider les fonctions de messagerie pour les apps concurrentes à Messages (anciennement iMessage), et ajoute même une énormité : « Apple rend les applications de messagerie tierces sur iPhone pires de manière générale par rapport à Apple Messages, la propre application de messagerie d’Apple, en interdisant aux applications tierces d’envoyer ou de recevoir des messages basés sur l’opérateur. Ce faisant, Apple dégrade sciemment et délibérément la qualité, la confidentialité et la sécurité de ses utilisateurs et de ceux qui ne possèdent pas d’iPhone. »

C’est évidemment faux. Il existe une quantité impressionnante d’applications de messagerie sur l’App Store, et ces dernières ne sont pas limitées ni bridées par Apple en terme de « qualité, de confidentialité et de sécurité ». D’ailleurs, l’app de messagerie la plus populaire sur iOS n’est pas Messages mais… WhatsApp. Nombre d’apps de messagerie sont même devenues populaires en grande partie grâce à (et non contre) iOS.  Il reste bien le cas du RCS,  mais Apple a déjà annoncé fin 2023 que les messages RCS seraient pris en charge dans Messages lors d’une prochaine mise à jour système. Impossible aussi de prétendre sérieusement que les apps de messagerie sont rendues « pires » du simple fait de l’absence de SMS, alors que ces dernières disposent généralement de plus de fonctions que Messages et sont d’ailleurs plébiscitées pour ces mêmes raisons. Désigner les SMS comme une fonction moderne d’une messagerie, c’est assez osé.

On notera que ces données sont basiques et ne demandent aucune forme d’investigation particulière. Le DoJ ne pouvait pas ne pas être au courant de ces informations et a pourtant décidé d’énoncer des contre-vérités manifestes. A tirer tout azimut pour détruire l’empire Apple, gare tout de même à ce que le futur procès ne tourne pas à la correction pour le Département de la Justice…