Apple fait face à une nouvelle enquête antitrust, cette fois en Colombie où les autorités s’attaquent aux pratiques de l’App Store. Après une analyse préliminaire, la Superintendencia de Industria y Comercio, à savoir l’autorité colombienne qui régule les pratiques commerciales loyales, a lancé une enquête formelle qui pourrait forcer Apple à modifier ses règles dans le pays.

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Des pratiques jugées anticoncurrentielles

L’enquête, initiée l’année dernière, a conclu qu’Apple utilisait des « stratégies abusives contraires au commerce libre ». Selon les conclusions préliminaires, l’entreprise a enfreint un décret de 1992 en bloquant l’accès de tiers aux marchés et aux canaux de distribution. Plus précisément, Apple aurait « restreint l’accès de nouveaux participants au marché de la distribution d’applications numériques » en imposant l’App Store comme unique plateforme pour iOS et iPadOS.

Cette exclusivité, selon les autorités, visait à « exclure les concurrents potentiels et préserver la position monopolistique d’Apple dans la distribution de biens numériques » pour ces systèmes d’exploitation. En conséquence, toute transaction au sein de cet écosystème devait passer par l’App Store, limitant les options des développeurs et des utilisateurs.

Des restrictions sur les paiements alternatifs

L’autorité colombienne a également pointé du doigt l’interdiction par Apple des méthodes de paiement alternatives. Cette restriction empêche les développeurs de proposer à leurs utilisateurs des options de paiement pour les services et abonnements numériques directement dans leurs applications. « Cette pratique a permis à Apple de tirer profit de cette limitation pour augmenter ses bénéfices », note le rapport. Les autorités estiment que ces agissements ont eu trois conséquences majeures :

  • Création de barrières artificielles freinant l’entrée et la pérennité des nouveaux développeurs dans l’écosystème iOS et iPadOS.
  • Imposition de coûts supplémentaires injustifiés pour les services et abonnements proposés via les applications natives.
  • Dégradation de l’expérience utilisateur en limitant les fonctionnalités, les options de paiement et l’accès à des informations pertinentes.

La Superintendencia de Industria y Comercio, qui a repris l’enquête, n’a pas encore détaillé les prochaines étapes. Elle s’est contentée de réaffirmer son engagement pour la libre concurrence, le marché et les consommateurs. Bien que le calendrier reste flou, cette enquête s’inscrit dans une vague mondiale d’examens antitrust visant les règles de l’App Store, déjà sous le feu des critiques aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Brésil, au Japon et bien sûr dans l’Union européenne.

Cette affaire pourrait pousser Apple à assouplir ses pratiques en Colombie, notamment en autorisant des boutiques d’applications alternatives ou des systèmes de paiement tiers.